Forums des assistantes maternelles et des parents employeurs

Bonjour,
Je viens de découvrir votre site en cherchant une information sur Internet. J’en ai profité pour écrire un petit hommage à ma femme et par la même occasion à beaucoup de nounous qui se reconnaîtront dans mes mots. Je pense que par la suite, elle viendra poster et partager sur ce forum qui est une mine d’information et un lieu de partage. Bonne journée à tous...
« Ma femme a de la chance. Elle fait sûrement l’un des plus beaux métiers du monde. En passant ses journées après des enfants, à les regarder découvrir la vie et le monde, à leur apprendre les choses en mettant sur leurs jours de belles couleurs au gré de leurs coloriages ou des sons que leur apprennent les comptines.
Nounou, en fait, je ne suis pas sûr que ce soit un métier. Cela, je l’ai appris au fil des jours en regardant évoluer ma femme dans son travail. En découvrant sa passion et la lumière qu’il y a dans ses yeux au contact des petits. Nounou, je pense plutôt que c’est un sacerdoce, une profession de foi. On ne devient pas nounou, me semble-t’il. On naît Nounou, avec ce contact à part que je n’aurais jamais pour ma part. Cette patience, cette douceur qu’elle a avec les enfants est sûrement son sixième sens à elle. Je crois qu’elle aime profondément les enfants et que l’on ne pourra pas le lui enlever : ce sont ses gènes, son ADN.
Mais Nounou, ça n’est pas que cela en fait. Derrière le tableau idyllique se cachent des maux. Nounou, c’est un métier de Cdd permanents. Il y a de cela quelques années, on démarrait un contrat avec un ou des enfants et l’on terminait celui-ci lorsqu’il entrait à l’école, liés par un contrat moral. Avec application. Aujourd’hui, la Nounou est devenue autre chose. Pour beaucoup, ce n’est malheureusement plus qu’une simple garde d’enfant, presque une employée de maison. Une Nounou, cela se licencie en un mois sans motif nécessaire. Selon que l’on trouve mieux ailleurs, à trois centimes de moins, tout est bon pour changer, aller voir ailleurs. On peut aussi modifier les horaires, la durée contractuelle au gré de ses humeurs quand on est parent. De toute façon si cela ne convient pas, il n’y aura qu’à changer. Un mois, un seul à attendre. On peut aussi promettre de s’engager pour une année puis changer d’avis puisque la seule chose donnée est une parole. Et quand on voit le prix d’une parole aujourd’hui, cela est encore moins cher qu’une heure de Nounou. Alors pas d’angoisse...
Je trouve que ce métier a bien changé. Je trouve aussi que les femmes qui exercent celui-ci ont un sacré mérite et de belles responsabilités sur les épaules tout au long de la journée. Ces derniers mois, ma femme a été « plantée » par certains parents qui n’ont pas tenu promesse. Entre les changements de planning, les décisions soudaines d’arrêter, les paroles données et jamais validées, il est difficile de garder confiance au jour le jour dans ce métier qui souffre. Les crèches aussi n’arrangent pas les affaires des Nounous et il faut souvent s’accrocher pour garder la foi. Sans parler de la précarité des contrats.
Parfois, je sens un peu de lassitude dans les propos de ma femme. Je le vois, elle est quelquefois désabusée, le cœur un peu chaviré. Pourtant elle s’accroche coûte que coûte. Il lui est arrivé de dire qu’elle en avait marre et qu’elle avait envie de passer à autre chose. Comme l’on avouerait une bêtise pour se faire pardonner et repartir plein de force ensuite, lavé de l’erreur. Encore mieux qu’avant. Je crois qu’elle sait qu’elle aime profondément ce métier et qu’elle ne se voit pas faire autre chose. Je l’espère aussi pour elle car ce serait dur à vivre si elle arrêtait pour passer à autre chose. Mais plus les jours passent et plus cet autre chose semble se dessiner, tant il est dur de trouver du travail pour elle au fil du temps.
Si son idéal la trahit et que sa carrière change de cap, regardez au fond de son cœur en la croisant. Il restera bien ancré quelque chose qui ne changera pas, quelle que soit l’évolution de sa situation ensuite. C’est l’amour. Pas celui compliqué, tortueux et sans parole des grands. Non, celui tout simple des petits. Parce que souvent, lorsque le hasard de la vie fait se recroiser ses anciens petits et leur nounou d’hier, je ne vois que de l’amour. Ils sautent dans ses bras en l’appelant Nounou et en la serrant tendrement contre eux. Dans ces moments là, le coeur rempli d’émotion, je suis sûr quoi qu’il en advienne que ma femme fait le plus beau métier du monde... »